Par Guylaine Maltais
Jeudi matin, 20 juin. Ma matière grise se sentait bien tranquille. Normal, un petit congé se trouvait sur le pas de ma porte pour entrer chez nous dans les heures suivantes. Sur ma to do list aucun article de blogue n’était prévu. Mais, doucement sur mon fil twitter, je voyais apparaître des informations concernant une explosion dans une usine de feux d’artifice à Côteau-du-Lac, en Montérégie. Je cherchais des mots clés, mais surtout ce que disaient les organisations officielles…finalement, j’ai ajouté « suivre l’événement» à ma to do list.
Premiers réflexes
Dans les premiers instants, les informations, fournies par des citoyens et des journalistes locaux, sortaient au compte-goutte. Le premier réflexe consistait donc à repérer si des organisations officielles communiquaient sur l’explosion :
• la ville concernée était présente sur le réseau social Twitter. Sans surprise mais avec désolation, je constate que non.
• Après m’être assuré que le service de police de la ville était bien celui de la Sûreté du Québec (SQ), j’ai demandé à la SQ de confirmer, sur Twitter, l’explosion. Ce qu’ils ont fait et je les en remercie. Finalement, une réponse officielle !
• On a ensuite vu des publications du Ministère des transports (MTQ) concernant les fermetures de route, ainsi qu’une demi-dizaine de publications venant de leur porte-parole Guillaume Paradis. Celles-ci, disons-le, ajoutent un côté humain à celles du MTQ trop robotisées (note : Guillaume connaît mon point de vue à ce sujet).
Alors, comme premiers réflexes, en tant que citoyen, vous devriez toujours commencer par chercher l’information provenant des organisations officielles :
• la ville là où se passe l’événement,
• les ministères et
• entreprises concernées.
Si les informations ne s’y trouvent pas (ce qui est encore fort possible), dans ce cas :
• elles viendront assurément des journalistes et des médias,
• de vos concitoyens. Comme cette photo prise par un témoin de l’événement.
Cela dit, avant de se lancer dans la course aux RT, tentez de trouver l’information officielle. Ce sera déjà ça de gagner! Ensuite, quand vous la partagerez, vous serez certains de la source.
La gestion de communauté : à quel palier ?
Considérant que la gestion d’urgence est d’abord une responsabilité locale, on ne peut pas s’attendre à voir un ou des ministères alimenter les médias sociaux dans les premiers instants. Donc, au début, même si l’on cherchait ce que les organisations officielles avaient à dire à propos de l’environnement, on ne trouvait rien. Cependant, sachant très bien qu’une multitude de partenaires de la sécurité civile se sont finalement mobilisés, comment se fait-il qu’aucun d’entre eux n’ait réellement pris d’assaut la Twittosphère ? Il faut donc en déduire que les bureaux régionaux des organisations gouvernementales officielles ne sont pas ceux qui assument la responsabilité de gestion de communauté pour leur compte respectif. Il convient alors de cibler et mettre en place des alternatives pour permettre aux organisations régionales d’alimenter les médias sociaux pendant une urgence.
Taper sur les mêmes clous
On parle de risque à la santé, d’analyses environnementales, de sécurité publique, de sécurité civile en fait. Est-ce nécessaire d’en dire davantage ?
• Encore une fois, plusieurs organisations concernées auraient pu saisir des opportunités pour prendre leur place. Ne vous cacher pas : les gens veulent vous lire ! Soyez plus bavards !!
• Quant à l’identification de mots clés, un certain temps fut nécessaire afin que les plus utilisés soient repris. Cela s’est finalement avéré, au bout du compte. À cet effet, relire ce billet où il était question des mots clés.
Les risques importants nécessitent des moyens de communication tout aussi importants
Chaque municipalité accueillant sur son territoire des risques importants tel qu’une usine de feux d’artifices, devrait prévoir des moyens de communication tout aussi importants pour informer sa population en cas d’urgence/crise, etc. Malheureusement, dans ce cas précis, la ville n’assure aucune présence sur les réseaux sociaux http://www.coteau-du-lac.com/ Pire, au-delà de la communication, aucune alimentation en eau à proximité pour les valeureux pompiers qui ont dû intervenir pour éteindre l’incendie.
Ce qui s’applique à la ville s’applique aussi et surtout au générateur de risque : dans le cas présent, l’usine BEM. Bien que son site internet soit fort animé, l’entreprise n’a pas non plus de présence sur les médias sociaux. http://www.bem.ca/feux-artifice.html Pire, au-delà de la communication, on n’a révélé aucun gicleur à l’intérieur de l’usine.
Et nous proclamons partout que la sécurité civile est une responsabilité partagée ?!
En amont de cette communication d’urgence, se situe la communication de risque et ici j’oserai une question bien naïve : est-ce que ces divers responsables, avec leurs partenaires de la sécurité civile avaient estimé, évalué le risque ? Avaient-ils procédé à des campagnes de communication de risque ? En fait, est-ce que les citoyens qui vivaient avec cette usine à proximité de chez eux le savaient ? En connaissaient-ils les risques et les mesures de protection ?
En fait, les médias sociaux en gestion d’urgence doivent faire partie des plans d’urgence des municipalités, entreprises qui génèrent des risques et organisations gouvernementales concernées et… les campagnes de communication des risques aussi ! Un de va pas sans l’autre. Les MSGU étant des moyens à utiliser dans les campagnes de communication. D’autres pas doivent être accomplis.
Certes, après avoir reçue la confirmation de l’événement sur Twitter par la Sûreté du Québec et voir apparaître le #msgu dans leurs publications tout au long de l’événement, fût comme un baume.
En toute humilité, je le répète : en tant qu’organisations, plus vous ajouterez ce mot clé lors de vos publications à toutes les phases de la sécurité civile, mais surtout en urgence, plus vous permettrez à la communauté #MSGU de suivre votre événement, de répertorier l’information, de lui donner l’occasion de contribuer à propager vos informations et à vous appuyer par tous les moyens dont elle dispose.
Bien sûr, mes pensées ce soir vont aux familles des deux femmes, des employées de l’usine, décédées sur les lieux…
Maintenant, le petit congé s’installe chez moi : je donne congé aux urgences et autres crises l’espace de quelques jours.