8 janvier 2021 

Mercredi le 6 janvier 2021, le Gouvernement Legault faisait sa 1ere conférence de presse de l’année sur la pandémie en annonçant des mesures se voulant être un « traitement choc », entre autres, par un re-confinement de quatre semaines et un couvre-feu (dès 20h00 le soir), tout aussi long.

 

J’ai capté cette photo, qui avait quelque chose de prémonitoire, le 28 novembre dans le vieux Trois-Rivières.

En coulisse, cet article de L’Actualité, nous présente ce qui a mené à ces mesures, 48 heures auparavant.

Courte anticipation

En le lisant, plusieurs éléments m’ont laissé assez perplexe. Dans un premier temps parce que, dans un tel contexte, où en suivant l’actualité pendant la pause des Fêtes (augmentation des cas, hôpitaux qui se remplissaient, voyageurs dont certains étaient de retour au bercail atteints de la COVID-19, d’autres atteints à destination), il devenait évident que d’autres mesures devaient être prises. C’est donc assez surprenant d’apprendre que les décisions se sont prises à l’intérieur de 48 heures…

  • le 2 janvier, les autorités de santé publique ont envoyé le message au gouvernement que la situation était maîtrisée et que le Québec avait atteint un plateau de 2 500 cas durant le temps des Fêtes. Aucune nouvelle mesure n’était dans l’air.

Tout de même étonnant (effrayant serait plus à propos) qu’à ce moment-là, avec le contexte mentionné plus haut et avec 2 500 cas, aucune mesure supplémentaire n’était prévue pour les autorités de santé publique. Ça devient désorientant de lire, d’apprendre, de constater que pour ces autorités qui guident le Gouvernement, la situation était maîtrisée. 

  • « Traitement choc » : à 2 500 cas par jour « l’élastique est étiré au maximum »

Déjà, à l’automne, avec des plateaux de 1200, 1500 cas quotidiennement, pourquoi des actions n’ont pas été prises à ce moment là ? Pourquoi attendre que l’élastique soit sur le point d’éclater pour donner un « traitement choc » qui pourrait faire une différence ? Qu’est-ce qui explique que nous nous sommes confortés avec des cas aussi élevés ?   

Fuite dans les communications ?

Alors qu’en communication d’urgence on vise à communiquer à nos partenaires avant que l’information soit diffusée dans les médias,

  • Les directeurs régionaux de santé publique ont appris le mardi matin, en lisant Denis Lessard dans La Presse, qu’un couvre-feu serait vraisemblablement mis en vigueur.

Ce qui apparaît très surprenant. Comment se fait-il que l’information ait fuité avant que ces importants partenaires aient la confirmation officielle ? Qu’est-ce qui explique cette faille de communication au sein du réseau de la santé au point tel que les directeurs de santé publique apprennent cette information majeure, dans les médias ?

À cet effet, depuis des mois, plusieurs s’interrogent à savoir pourquoi les annonces gouvernementales sortent-elles au conditionnel soit la veille ou quelques heures avant la conférence de presse? Quelles sont les motivations poussant à cette stratégie ? Elle devient lassante et la population finira par ne plus être au rendez-vous.

  • Couvre-feu. Après le constat que les paliers d’alerte (différents par région, selon la situation épidémiologique) ne fonctionnaient pas (n’ont pas donné les résultats visés), son créateur, le Dr. Litvak, propose le couvre-feu, à application égale pour toutes les régions, peu importe la situation épidémiologique.

Ce, malgré l’absence de preuve scientifique sur l’efficacité d’une telle mesure (voir la vidéo à 1min.14 sec.). Restreindre les citoyens dans le peu qu’il leur reste. Appuyer très fort sur le crayon des sanctions si cette mesure n’est pas suivie s’avère à l’opposé de l’engagement et la mobilisation de la population. Toutefois, au stade où nous en sommes, après 10 mois de pandémie, nous n’avions plus le choix. Plusieurs choses nous y a certainement mené : dont une minorité qui ne suivait pas les consigne et des décisions qui auraient pu être prises plus tôt ?

En gestion de crise, il importe d’éviter de faire des promesses et de s’avancer sur l’inconnu. Ce qui permettra justement de devoir se rétracter. Toutefois, le 15 décembre, en conférence de presse,

  • François Legault avait promis aux enfants qu’ils seraient de retour sur les bancs d’école le 11 janvier.

Résultat : une partie des élèves seront eux, de retour le 18 janvier. Et ce, malgré que les écoles figurent parmi les lieux où la transmission est la plus importante. Dans ce contexte, la compréhension des décisions devient de plus en plus difficile pour le citoyen.

Finalement, cet article des coulisses, qui soulèvent plusieurs questions n’est pas sans laisser présager que la relation ne semble pas au diapason entre le Gouvernement et les autorités de santé publiques. D’autres interrogations émergent à ce stade :

  • aurait on dû débuter ces mesures « strictes » plus tôt ?
  • pourquoi toujours nous rendre au maximum de la capacité de l’élastique ? Pourquoi ne pas prendre un plus grand pas d’avance dans l’anticipation ?
  • si tous les acteurs de la sécurité civile (OSCQ) avaient été mobilisés OU assis autour de la table virtuelle de la cellule de crise depuis le début, la situation serait-elle différente ? À tout le moins, l’angle aurait été plus large que « simplement » celui de la santé publique. Car rappelons-le, “pandémie” est un des aléas de sinistre majeur, nommé dans la Loi de la sécurité civile (article 2).

Après l’effort d’octobre, l’effort des Fêtes (qui n’a pas été fait par tout le monde) quatre autres semaines de sacrifices. Le sacrifice ultime. Cependant, si cet autre effort ne donne pas l’effet escompté, quelles mesures restera t-il ? Est-ce que cette réflexion est déjà sur la planche à dessin ? Tout comme la prochaine semaine de relâche : elle arrivera rapidement. Mieux vaut déjà l’anticiper puisque toute la population ne sera pas encore vaccinée au début du mois de mars.